Ryū Murakami, né le 19 février 1952 à Sasebo (Préfecture de Nagasaki) est un écrivain et cinéaste japonais (sans lien de parenté avec Haruki Murakami).
Il est le prolifique auteur d'une trentaine de livres dont les plus célèbres sont son premier roman, Bleu presque transparent (prix Akutagawa en 1976, vendu au Japon à un million d'exemplaires en six mois), qui retrace quelques jours de la vie d'un groupe d'adolescents, entre sexe, drogue et rock, Les Bébés de la consigne automatique (1980) et Parasites. Il a également reçu le prix Yomiuri en 1998 pour Miso Soup.
Hormis dans son roman autobiographique, 1969, où il décrit avec humour et facilité le déroulement du Mai 68 japonais dans une ville moyenne flanquée d'une base américaine (Sasebo), l'œuvre de Murakami est extrêmement sombre et désespérée. 1969, roman absolument musical et souvent jouissif, est le livre des 17 ans de l'auteur. C'est le temps des premiers pas dans le monde adulte, un univers non moins difficile à décoder au Japon qu'ailleurs quand on refuse l'autorité et que l'on cherche la liberté du côté du rock et du cinéma, américains cela s'entend. Un American Graffiti nippon, tout aussi excentrique et douceâtre, avec un sentiment d'interdit plus fort.
Tout le reste de sa production, du moins celle accessible en français, renvoie le reflet d'une société japonaise fidèle à certaines caricatures que l'on croit outrées. Individus isolés, perdus dans le monde d'Internet (Parasites), enfants marginaux et abandonnés dans l'immensité inhumaine des métropoles (Les Bébés... ), exclus des mondes parallèles de la prostitution et des bars glauques (Miso Soup, Les Bébés), cauchemars sectaires et terroristes (Les Bébés, Parasites).
Murakami analyse froidement son temps et revisite l'histoire, interdite, d'un Japon brutal et guerrier. Son Japon est celui du délire technologique, de la surconsommation, de la violence gratuite, de l'abandon lent et progressif des traditions, de la destruction des liens familiaux et collectifs développés par la société nippone autour d'un principe d'assujettissement absolu aux loi de la communauté. L'adolescent pseudo révolutionnaire est devenu un adulte qui jette un regard sans concession sur ses congénères.
Mais c'est peut-être Parasites qui résume à lui seul toute l'œuvre de Murakami. Un jeune homme, un de ceux qui sont en complète rupture avec école et famille et qui ne communiquent plus qu'à travers Internet, pense qu'un ver est entré dans son corps. Il prend contact avec une organisation qui va le pousser à commettre des meurtres. Tout est dit. Internet qui isole mais qui entraîne aussi vers l'autre, y compris pour le détruire, le ver parasite qui est en chacun de nous, comme une présence d'étrangeté et d'horreur qui saurait tous nous pénétrer, la recherche (inquiétante et malsaine) de soi dans la mort de l'autre, la présence de la technologie, la théorie du complot...
Murakami donne à lire une œuvre complexe, désordonnée mais inachevée, comme s'il n'avait pas encore trouvé ce supplément d'espoir qui éclairerait tout.
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