Raymond Queneau a grandi dans une famille de commerçants. Il monte à Paris pour faire des études de philosophie à la Sorbonne où il suit notamment les cours d'Alexandre Kojève sur Georg Wilhelm Friedrich Hegel.
Il fréquente le groupe surréaliste auquel il adhère en 1924. À la suite de son exclusion en 1930, il participe au pamphlet « Un cadavre » contre André Breton avec un texte intitulé « Dédé ». Raymond Queneau a relaté de façon satirique son expérience du surréalisme dans « Odile », où Breton apparaît sous les traits du personnage d'\"Anglarès\".
Après la rupture avec le surréalisme, Raymond Queneau se lance dans l'étude des fous littéraires et travaille à une « Encyclopédie des sciences inexactes ». Refusée par les éditeurs, cette encyclopédie lui servira pour le roman « les Enfants du Limon » (1938).
Son service militaire en Algérie et au Maroc (1925-1927) lui permet de s'initier à l'arabe. Au cours d'un voyage en Grèce en 1932 (Odile), il prend conscience du danger de laisser la langue littéraire s'éloigner de la langue parlée. Rapprocher ces deux extrêmes deviendra son grand projet littéraire. Dans les dernières années de sa vie, il reconnaîtra l'échec de cette illusion, et que la télévision, par exemple, ne semblait pas avoir eu l'effet négatif sur la langue écrite qu'il craignait. Il collabore à la revue \"La Critique sociale\" de Boris Souvarine, puis au quotidien \"L'Intransigeant\".
C'est en 1933 qu'il publie son premier roman « Le Chiendent » qu'il construisit selon ses dires comme une illustration littéraire du « Discours de la méthode » de René Descartes. Ce roman lui vaudra la reconnaissance de quelques amateurs qui lui décernent le premier \"Prix des Deux-Magots\". Suivront quatre romans d'inspiration autobiographique : « Les Derniers jours », « Odile », « Les Enfants du Limon » et « Chêne et Chien », ce dernier entièrement écrit en vers.
Après quelques années de journaliste et quelques petits boulots, Queneau entre en 1938 aux éditions Gallimard où il exerce les activités de lecteur, traducteur d'anglais, puis membre du Comité de lecture. Il deviendra en 1954 directeur de la collection Bibliothèque de la Pléiade. Parallèlement, il fonde la revue \"Volontés\" et entame une psychanalyse.
C'est avec « Pierrot mon ami », paru en 1942, qu'il connaît son premier succès. En 1947, paraissent les « Exercices de style », un court récit décliné en une centaine de styles, dont certains seront adaptés au théâtre par Yves Robert. Les « Exercices de style » ont été inspirés de l' « Art de la Fugue » de Johann Sebastian Bach, lors d'un concert avec son ami Michel Leiris, où il eut envie de développer différents styles d'écriture. Sous le pseudonyme de Sally Mara, il publie « On est toujours trop bon avec les femmes » qui lui vaut quelques démêlés avec la censure. Il traduit le roman de George du Maurier « Peter Ibbetson ».
À la Libération, il fréquente la jeunesse de Saint-Germain-des-Prés. Son poème « Si tu t'imagines », mis en musique par Joseph Kosma à l'initiative de Jean-Paul Sartre, est un des succès de la chanteuse Juliette Gréco. D'autres textes sont chantés par les Frères Jacques. Il écrit des paroles pour des comédies musicales, des dialogues de films dont « Monsieur Ripois » réalisé par René Clément avec Gérard Philipe et, également, le commentaire du court-métrage d'Alain Resnais « Le Chant du styrène ». Il réalise et interprète le film « Le Lendemain ».
Il publie de nouvelles chroniques fantaisistes de la vie de banlieue : « Loin de Rueil » (1944), « Le Dimanche de la vie » (1952) dont le titre emprunté à Hegel. Un roman plus expérimental, « Saint-Glinglin » (1948), rassemble des textes publiés séparément depuis 1934.
Amoureux des sciences, Raymond Queneau entre à la Société mathématique de France en 1948. Il s'applique à créer des règles arithmétiques à la construction de ses œuvres, comme, par exemple, le \"s + 7\" : prendre un texte, n'importe lequel, prendre un dictionnaire, n'importe lequel, généraliste ou thématique, et remplacer tous les substantifs dudit texte par d'autres substantifs trouvés dans le dictionnaire choisi et situés sept places plus loin ou sept places avant par rapport à la place initialement occupée (ou qu'aurait occupée s'il y était) par le substantif à remplacer. En 1950, il publie un texte d'inspiration scientifique « Petite cosmogonie portative ».
Toujours en 1950, il entre comme Satrape au Collège de 'Pataphysique, et est élu à l'Académie Goncourt en 1951.
En 1959 paraît « Zazie dans le métro » qui s'ouvre par l'expression « Doukipudonktan ! ». Le succès de ce roman surprit Queneau lui-même et fit de lui un auteur populaire. Une adaptation au théâtre par Olivier Hussenot et au cinéma par Louis Malle suivront.
À la suite d'un colloque, (une décade de Cerisy consacrée à \"Raymond Queneau ou une nouvelle défense et illustration de la langue française\"), dirigé par Georges-Emmanuel Clancier et Jean Lescure il fonde en décembre 1960, avec François Le Lionnais, un groupe de recherche littéraire appelé l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle). Sa soif de mathématiques combinatoires s'épanchera aussi à la coupe de l'Ouvroir qui accueille, entre autres, le \"père\" de la Théorie des graphes, Claude Berge. Fait absolument singulier ! Raymond Queneau fait publier, en 1972, un article dans une revue pour chercheurs \"Journal of Combinatorial Theory\". Quant à l'Oulipo, il aura une grande descendance, plus ou moins sécessionnistes, avec d'autres groupes comme : l'Oupeinpo, l'Outrapo, l'Oubapo...
Avec « Cent Mille Milliards de Poèmes » (1961), Raymond Queneau réussit un exploit tant littéraire qu'éditorial. C'est un \"livre-objet\" qui offre au lecteur la possibilité de combiner lui-même des vers de façon à composer des poèmes répondant à la forme classique du sonnet régulier : deux quatrains suivis de deux tercets, soit quatorze vers. Cent mille milliards est le nombre de combinaisons possibles calculé par Queneau : « C'est somme toute une sorte de machine à fabriquer des poèmes, mais en nombre limité ; il est vrai que ce nombre, quoique limité, fournit de la lecture pour près de deux cents millions d'années (en lisant vingt-quatre heures sur vingt-quatre). »
Le roman « Les Fleurs bleues » (1965), nouveau succès public, illustre l'apologue du penseur taoïste chinois Tchouang-Tseu se demandant s'il est Tchouang-Tseu rêvant d'un papillon ou un papillon rêvant qu'il est Tchouang-Tseu... Il publie également cette année-là un recueil d'études critiques « Bâtons, Chiffres et Lettres ». Il poursuit son œuvre poétique avec « Courir les rues », « Battre la campagne », « Fendre les flots ».
Raymond Queneau meurt le 25 octobre 1976. Une station du métro de Paris lui est dédiée.
Source : wikipedia