Eugène Sue, né le 26 janvier 18041 à Paris et mort en exil le 3 août 1857 à Annecy (Haute-Savoie), est un écrivain français.
Il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons à caractère social : Les Mystères de Paris (1842-1843) et le Juif errant (1844-1845).
Son père, Jean-Joseph Sue fils, était chirurgien de la garde de Napoléon 1er, sa marraine n'était autre que Joséphine et son parrain Eugène de Beauharnais. Il étudia au lycée Condorcet. Jeunesse dorée pour le futur écrivain qui va pourtant se révéler un élève médiocre et turbulent, puis un jeune homme dont les frasques défraient la chronique. Son père l'envoie en voyage pour le remettre sur le droit chemin : expédition d'Espagne (1823), puis de Grèce, puis aux Antilles.
Dandy, voyageur, il hérite à 26 ans de la fortune paternelle, devient l'amant des plus belles femmes de Paris (il est surnommé le Beau Sue), adhère au très snob Jockey Club dès sa création en 1833. Il dilapide la fortune de son père en sept ans, et commence à écrire lorsqu'il est ruiné.
Eugène Sue est l'auteur, selon ce qu'en rapporte la bibliographie établie par Francis Lacassin, de sept romans exotiques et maritimes, onze romans de mœurs, dix romans historiques, quinze autres romans sociaux (dont une série intitulée Les Sept Péchés capitaux), deux recueils de nouvelles, huit ouvrages politiques, dix-neuf œuvres théâtrales (comédie, vaudeville, drame) et six ouvrages divers.
Sue à la plume facile, il se convertit au socialisme et écrit Les Mystères de Paris sur le modèle d'un ouvrage qui s'est fait en Angleterre, intitulé Les Mystères de Londres. Eugène Sue ignore la trame de son roman, comme le révèle Ernest Legouvé dans Soixante ans de souvenirs. Ce roman suscite un intérêt énorme dans toutes les couches de la société. Théophile Gautier écrit : des malades ont attendu pour mourir, la fin des Mystères de Paris. Le succès est immense et dépasse les frontières. Cela influença sa vie personnelle - il est élu député de la Seine - et son orientation littéraire. Il inspire, au siècle suivant, la série Les Nouveaux Mystères de Paris à Léo Malet.
Il publie ensuite le Juif errant, également en feuilleton dans le Constitutionnel.
On commence à mieux reconnaître l'intérêt des Mystères du peuple, fresque historique et politique dont le ton est donné par son exergue : « Il n'est pas une réforme religieuse, politique ou sociale, que nos pères n'aient été forcés de conquérir de siècle en siècle, au prix de leur sang, par l'insurrection. » Il est censuré par le Second Empire.
Le projet remonte aux mois qui ont suivi l'échec de la révolution de 1848. Et, en novembre 1849, Maurice Lachâtre, son ami et éditeur, mit en vente les premières livraisons des Mystères du peuple, utilisant pour ce faire un système de fidélisation par primes et une distribution par la poste, qui permettait de déjouer la censure. Malgré ces précautions, la publication fut interrompue à plusieurs reprises, mise à l'Index par Rome, condamnée par les évêques de France et inquiétée par la police.
Elle ne fut achevée qu'en 1857, mais au moment où l'édition pouvait s'achever, 60 000 exemplaires furent saisis. Le choc fut tel qu'il aggrava l'état de santé du romancier qui, malade et exilé, succomba. Malgré sa disparition, le tribunal, suivant le réquisitoire du procureur Ernest Pinard, condamna l'imprimeur et l'éditeur, et ordonna la saisie et la destruction de l'ouvrage.
Il fut député républicain et socialiste de la Seine. Lorsque Louis-Napoléon Bonaparte effectua son coup d'État, il dut s'enfuir en 1851 et s'exiler.
Il fut accueilli dans les États de Savoie même si le clergé local s'opposa à sa venue. De fait, le roi Victor-Emmanuel II et son chef du gouvernement, Massimo d'Azeglio, sont favorables aux idées libérales. Il finit par s'installer à Annecy-le-Vieux où il y vécut de 1851 jusqu'à sa mort en 1857.