Fedor Dostoïevski est né à Moscou le 11 novembre 1821.
En 1838, Dostoïevski intègre l'École supérieure des Ingénieurs militaires de Saint-Pétersbourg. Son père refusant de l'aider financièrement, le jeune Fedor vit dans la misère pendant toutes ses études. Élève taciturne, il a du mal à s'intégrer.
En 1844, il quitte la direction du Génie pour se consacrer à l'écriture de son premier roman, les Pauvres Gens. Sa publication en 1846 lui vaut l'attention du poète Nekrassov et du critique Belinski: il est présenté comme le « nouveau Gogol ». Mais Dostoïevski n'est pas à l'aise dans le milieu mondain. On l'appelle le « chevalier à la triste mine ». Par la suite, le Double et La Logeuse ne rencontre pas de succès, et il tombe dans le discrédit.
Dès 1847, il fréquente les socialistes utopistes, mais plus pour trouver des idées nouvelles que pour véritablement fomenter une révolution. En 1849, il est emprisonné avec les autres membres du cercle Petrachevski. La sentence de mort est transformée en déportation à Omsk, en Sibérie. Dostoïevski y arrive en 1850. Cela inspirera Souvenirs de la maison des morts en 1860. C'est une période éprouvante et déterminante pour son œuvre, dont Crime et châtiment.
Lorsqu'il quitte le bagne en 1854, il est affecté dans un régiment de Sibérie, et se remet alors à écrire. Il rencontre Maria Dimitrievna Isaeva.
En 1860, il obtient sa retraite de sous-lieutenant et peut rentrer à Saint-Pétersbourg. Il crée Le Temps. La revue est interdite en 1863. Malgré l'ouverture politique qui se développe avec le nouveau tsar Alexandre II (1855), des mouvements révolutionnaires violents se développent.
En 1862, Dostoïevski voyage en Europe et rencontre sa maîtresse Apollinaria Souslova. Deux ans plus tard, sa femme et son frère décèdent. Couvert de dettes, l'écrivain se lance à corps perdu dans le voyage et le jeu, pour tenter de faire fortune à la roulette. Cette passion destructrice sera la source de son inspiration pour Le Joueur (1866) et L'adolescent (1875). Souslova refuse sa proposition de mariage.
Cette période d'errance trouble durablement Dostoïevski. Plus le temps passe, plus il développe un profond mépris pour l'Europe et la démocratie. Pour lui, l'égalité démocratique accentue la violence des rapports entre les êtres humains.
De plus, en détruisant Dieu et le Roi, l'homme a, selon l'auteur, fait place nette pour la violence du matérialisme, de l'égoïsme et de l'individualisme.
Toutefois, il admire la liberté de la presse, ce qui est lié à la censure dont il a été victime en Russie. Depuis 1849 jusqu'en 1879 (date de la parution des Frères Karamazov), Dostoïevski vit sous la surveillance des services secrets du Tsar. Tout est contrôlé, jusqu'à son courrier, ses fréquentations et ses valises à la frontière.
En ce qui concerne la Russie, Dostoïevski se veut libéral et nationaliste. Il aime profondément sa nation et son peuple, et développe une véritable haine pour les usuriers russes.
En 1867, il épouse Anna Grigorievna Snitkine, qu'il avait engagée comme secrétaire. Elle n'a que vingt ans, mais permet d'améliorer la vie de l'écrivain et du ménage. Dostoïevski arrête de jouer et travaille beaucoup plus.
Il est donc en mesure de publier Crime et Châtiment, l'Idiot et Les Démons/Les Possédés.
Les Démons, justement, s'inspirent d'un fait divers sanglant, l'assassinat d'un membre du groupe révolutionnaire de Netchaïev.
L'œuvre romanesque de Dostoïevski se clôt par Les Frères Karamazov, un véritable chef d'œuvre qu'il publie à l'âge de 60 ans. Ce roman est un livre considérable, qui développe ses thèmes favoris de réflexion, à savoir la force irrationnelle de la passion et la question de l'existence de Dieu.
Le public et la critique ne s'y trompent pas, puisque le succès est immédiat et immense. Dostoïevski s'inscrit définitivement au panthéon des grands écrivains russes.
De plus, en 1880, l'écrivain encense le rôle de la Russie dans le monde à travers son livre Discours sur Pouchkine. Il devient alors un vrai héros national. Même ses anciens ennemis l'acclament.
Pendant toute la fin de sa vie, Dostoïevski s'affiche comme un fervent partisan de l'âme et du peuple russe, convaincu qu'il est du « génie russe », supérieur à celui des autres pays.
De plus, alors qu'il était agnostique auparavant, Dostoïevski évolue vers une ferveur croyante qui reconnaît le Christ comme prophète, même s'il s'inscrit hors des églises en tant qu'institutions.
Dostoïevski meurt le 27 janvier 1881 et est enterré à Saint-Pétersbourg. Paradoxalement, après avoir mené une existence pauvre, trouble et souvent marginale, 30000 personnes lui rendent un dernier hommage le jour de ses obsèques.
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