Bruno Bettelheim (28 août 1903 à Vienne - 13 mars 1990 à Silver Spring, Colorado) était un psychanalyste, et pédagogue américain d'origine autrichienne. Il s'est rendu célèbre par la publication de livres de vulgarisation où il explique les théories pédagogiques et psychothérapiques, nouvelles à l'époque, mises en œuvre à l'École d'orthogénie de l'Université de Chicago qu'il a dirigé pendant trente ans.


Bruno Bettelheim fit des études supérieures de commerce à Vienne (Autriche) et plus tard de littérature et de philosophie. Il s'intéressa ensuite à la psychanalyse, se forma auprès des psychanalystes de l'École de Vienne et fut lui-même analysé par Richard Sterba disciple direct de Sigmund Freud.

Il travailla sans terminer un doctorat en esthétique (l'une des disciplines de la philosophie) à l'université de Vienne en 1938, mais il est arrêté par les nazis, car d'origine juive, et détenu pendant plus d'un an dans les camps de Dachau puis de Buchenwald. Libéré, il émigra aux États-Unis. Son expérience des camps de concentration sera une des clés de ses théories psychanalytiques, il écrira sur les phénomènes psychologiques à l'œuvre, selon lui, au sein des camps de détention, entre les prisonniers et leurs tortionnaires et publie en 1943 Comportement individuel et comportement de masse dans les situations extrêmes. Cette étude fut complétée plus tard pour en faire un de ses livres les plus importants et les plus accessibles : Le Cœur Conscient.

Il enseigna à l'Université de Chicago, dirigea une école consacrée aux enfants en difficulté dont certains étaient psychotiques ou autistes. Dans les dernières années de sa vie, il fut confronté à des critiques. Ayant pendant toute sa vie dû faire face à la dépression, il se donna la mort à 86 ans, quelques années après la mort de sa femme.

Peu après, une polémique se développa sur la réelle compétence du psychanalyste trop médiatique. Il resta toutefois le fondateur de deux concepts majeurs : celui de « forteresse vide » pour désigner ces remparts que dressent autour d'eux les jeunes autistes pour se protéger de leur sentiment de néant, et le concept de « situation extrême », pour désigner la sensation de mort imminente qui déclenche chez l'individu des comportements de défense à la mesure de l'angoisse ressentie.

Bruno Bettelheim considère que l'angoisse est un élément important dans la psychose de l'enfant. Il détecte dans les troubles comportementaux des enfants de l'École Orthogénique des carences affectives et l'angoisse de la mort. Sa thérapie se fonde sur la construction d'un environnement rassurant, matériel et affectif, étape nécessaire avant toute tentative de comprendre les causes de la psychose. D'un point de vue purement pédagogique, Bettelheim est proche des idées développées par A.S. Neill à l'École de Summerhill. Il insiste sur l'idée que, quels que soient les symptômes manifestés par les patients, ils sont la meilleure réponse que ceux-ci aient trouvée à leur angoisse.

Il explique ses recherches dans de nombreux ouvrages de vulgarisation. Deux de ses livres ont eu un grand succès La Forteresse vide qui aborde les problèmes de l'autisme encore peu connus à l'époque et Psychanalyse des contes de fées dans lequel il explique que les contes de fées exercent une fonction thérapeutique sur l'enfant : ils répondent de façon précise aux angoisses du jeune enfant. Le « Roi » et la « Reine » sont une image inconsciente des « bons » parents, comme la marâtre, la sorcière, l'ogre, font partie des fantasmes de l'enfant qui voit en ses parents, parfois non plus les « bonnes images », mais celle de parents méchants et frustrants.

Une série d'émissions télévisées consacrées par Daniel Karlin, en 1974, à Bettelheim, et publiées sous le titre Un autre regard sur la folie (1975), a contribué à faire connaître le grand thérapeute au public français.


Après sa mort, il y eut de nombreuses controverses autour des théories de Bettelheim, et sur sa personnalité même. Bien que dans l'ensemble ses collaborateurs à l'école orthogénique l'aient trouvé brillant et admirable, deux anciens patients, et le frère d'un ancien patient, s'élevèrent contre celui qu'ils voyaient comme un tyran aux idées rigides et dénué d'autocritique. Psychanalysé par le praticien viennois Richard Sterba, Bruno Bettelheim se posait à la fois comme un fidèle des idées freudiennes et comme un éducateur, ce qui ne va pas sans soulever quelques problèmes. Il était convaincu, alors même que des éléments militaient contre ses théories, que l'autisme n'avait pas de bases organiques. Son expérience des camps l'avait amené à ériger une pédagogie qui consistait à promouvoir un milieu totalement voué à l'écoute des enfants, de leurs angoisses et de leurs besoins. Puisque les camps pouvaient rendre folles des personnes normales, un bon environnement pourrait soigner des enfants autistes. La question de l'influence réelle du milieu familial sur l'avènement d'une pathologie est beaucoup plus incertaine, dans la réalité et dans ses écrits. Il a bien repris le terme créé par Léo Kanner de « mères réfrigérateurs » mais il faut considérer cette formule malheureuse comme une manière de mettre en évidence les difficultés d'être des « parents acceptables » comme le titre d'un de ses livres le souligne. D'autres pédagogues, analystes, psychiatres ou non, réduisirent ce point de vue à une accusation contre les parents et la mère en particulier. La faveur de l'hypothèse d'une origine organique de l'autisme, origine « non encore identifiée » et certainement multiple, a pris le pas sur la vision - bien ou mal interprétée - de Bettelheim. C'est probablement en partie l'effet d'une mode et aussi une question sur cet universel sentiment de culpabilité que vivent les parents et la société en général lorsque un enfant va mal. A fortiori s'il est autiste. Les thèses organicistes ont de ce point de vue l'avantage d'évacuer cette question familiale et sociale. Les études visant à mettre en évidence un déterminisme génétique à l'autisme poussent un cran plus loin cette \"évacuation\" du problème de l'origine ou des origines de l'autisme.

Il faut noter la fidélité de la grande majorité des anciens patients et des anciens thérapeutes de l'École Orthogénique. Plus de trente ans après que Bruno Bettelheim eut pris sa retraite, près de cent de ces anciens patients et thérapeutes se sont spontanément réunis à Chicago, pour se retrouver (les 21 et 22 mai 2005). Ils ont notamment longuement visité leur ancienne École, qui est restée un centre de traitement pour enfants et adolescents perturbés. Ils n'ont pas convié les journalistes, et sont venus de toute l'Amérique, et même d'Europe pour se retrouver, en toute sérénité et loin des polémiques.Voir le documentaire sur l'un de ses anciens patients \"A la recherche de Stephen Eliot\", Clef de Bronze au Festival International de Lorquin en 2004, qui raconte comment cet enfant schizophrène devint banquier à Wall Street (Centre National de Documentation Audiovisuelle en Santé Mentale).

Bruno Bettelheim a écrit \"La Forteresse vide\", \"Psychanalyse des contes de fées\". Par opposition aux idées de Bruno Bettelheim sur l'autisme, le Hollandais Theo Peeters a écrit le livre La Forteresse éclatée.

Cependant, des éléments de la biographie de Bruno Bettelheim et de ses résultats ont été contestés par Richard Pollack.

 

Ouvrages de Bruno Bettelheim