Fontenelle, Bernard le Bovier de (1657-1757), philosophe et poète français qui annonça l'esprit des Lumières en vulgarisant des théories scientifiques nouvelles. Né à Rouen, neveu de Pierre et Thomas Corneille, fils d'avocat, il fréquenta le collège des jésuites, étudia le droit et se consacra très tôt à la littérature. Il avait vingt ans lorsque son oncle Thomas l'engagea comme collaborateur dans sa revue, le Mercure galant.
En 1680, il fit jouer Aspar, dont la représentation fut un échec. Il retourna alors à Rouen, et publia, entre 1682 et 1687, des textes qui le firent connaître en tant que philosophe et scientifique soucieux de vulgarisation intelligente, plus encore que comme poète (il composa des poésies précieuses, des opéras et des tragédies). Parmi ses nombreux ouvrages, on peut citer: la République des philosophes, roman utopique vantant une démocratie radicale, matérialiste et athée ; les Dialogues des morts, imités de Lucien, qui rapportent des conversations fictives entre Sénèque et Scarron, Socrate et Montaigne ; un article ironique sur la rivalité entre les religions juive, catholique et calviniste ; des Entretiens sur la pluralité des mondes, vulgarisation des théories de Copernic ; un traité sur l'Origine des fables, texte fondateur de la méthode comparative en matière de religion ; les Doutes sur les causes occasionnelles, qui réfute la philosophie de Malebranche ; ou encore l'Histoire des oracles, dénonciation des impostures en matière de religion.
En 1688, sa Digression sur les Anciens et les Modernes, référence à la fameuse querelle, lui valut d'être élu à l'Académie française (1691), avec l'appui des Modernes. Secrétaire de l'Académie des sciences à partir de 1697, il se consacra à la diffusion des progrès scientifiques de son temps et à l'histoire de cette institution. Il publia encore une Géométrie de l'infini, une Vie de Corneille, une Histoire du théâtre, des Réflexions sur la poétique (1742) et en 1752 une Théorie des tourbillons cartésiens. Curieux, cultivé, d'une grande intelligence, il eut la réputation d'un bel esprit ; passionné de sciences et animé d'une grande foi dans le progrès, ennemi de l'obscurantisme, tenant d'un rationalisme critique, il apparaît surtout aujourd'hui comme le premier des philosophes du siècle des Lumières.