Antoine Augustin Cournot

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Antoine Augustin Cournot (Gray, 28 août 1801 - Paris, 30 mars 1877) fut un mathématicien français qui s'intéressa notamment à la formalisation des théories économiques. Il est ainsi un des premiers à avoir formulé un modèle de l'offre et de la demande.

Il fut professeur à Lyon, puis à Grenoble et devint recteur de l'académie de Dijon de 1854 à 1862.

L'économiste


En microéconomie, il travailla sur les équilibres entre deux producteurs (\"équilibres de Cournot\" généralisés plus tard sous le terme d'équilibres de Nash ou équilibres de Nash-Cournot\"). Il introduisit le concept d'élasticité en économie et de coût marginal. Il a aussi un apport sur les strutures de marché en étudiant le duopole.

Ses travaux dans le domaine de l'économie ont influencé les réflexions de Léon Walras, l'un des artisans de la révolution marginale.

Son livre phare sur le sujet reste ses Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses, livre dont l'importance théorique ne sera reconnue que beaucoup plus tard.

L'épistémologue et le philosophe


C'est aussi un philosophe, qui voulut penser l'articulation et la différence du déterminisme physique, de la vie, de la liberté et du hasard.

Il contribua à une interprétation originale du hasard. Le hasard n'est pas que l'expression de notre ignorance des causes, comme le croyait le physicien déterministe Pierre-Simon Laplace. Cournot définit le hasard, dans une proposition devenue célèbre, comme la “rencontre de deux séries causales indépendantes”. Les événements en eux-mêmes sont tout à fait déterminés quant à leur cause et à leur effet ; c’est de leur rencontre imprévisible, de l’intrusion d’une nouvelle causalité indépendante dans le déroulement d’un processus que naît le hasard.

Grâce aux recherches actuelles sur le chaos déterministe, on arrive à percer les fondements de la nature du hasard tels que les avaient énoncés Cournot. Les événements qui affectent un système complexe, comme le système solaire, sont partiellement imprévisibles, contrairement à l'affirmation de Laplace.

Cette recherche conduisit Cournot à un renouvellement de la philosophie de l'histoire (il connaissait l'œuvre de Wilhelm von Humboldt et de son frère). L'histoire n'est ni une science, faute de lois, ni le produit de purs aléas, ce qui rendrait le récit historique impossible, ou chaotique. Certes, les choix des individus y jouent un rôle, mais il faut tenir compte également des effets de structure. La connaissance historique se situe donc au confluent de ces deux logiques. Cela ne veut pas dire que le rôle des grands personnages soit négligeable. Mais si l'Eglise est en quelque sorte la fille de Bossuet, Bossuet est bien davantage encore le fils de l'Eglise.

Aussi bien cette conception du hasard que celle de l'histoire sont à rapprocher du texte de Humboldt sur les lois du développement des forces humaines (1791). Notons cependant, que si Cournot appréciait l'œuvre des frères Humboldt, il ne pouvait pas avoir lu ce brouillon, car il n'a pas été publié de son vivant.

Enfin Cournot, à la suite des philosophes allemands, pense l'articulation des sciences en rapport avec leurs objets. On passe ainsi graduellement du matérialisme au domaine de l'activité vitale, puis du \"vitalisme\" à celui de la raison abstraite. Les sciences humaines ont pour objet une réalité intermédiaire, où s'associent l'organicité de la langue, de la société, des religions, et l'activité de la raison abstraite.

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