Alain, Emile-Auguste Chartier de son vrai nom, est né le 3 mars 1868 à Mortagne-au-Perche.

De 1881 à 1886, le jeune Alain étudie au lycée d'Alençon. Ensuite, il intègre une classe de prépa littéraire au lycée Michelet, avec dans l'idée d'essayer de rentrer à l'Ecole Polytechnique.
C'est là qu'il rencontre Jules Lagneau, une rencontre fondamentale puisque ce dernier l'oriente vers la philosophie.

Finalement, Alain intègre l'Ecole Normale Supérieure. Il est reçu à l'agrégation de philosophie et est nommé professeur dans divers lycées : à Pontivy, à Lorient, à Rouen et à Paris (au lycée Condorcet, puis au lycée Michelet).

Dès 1903, Alain publie des chroniques hebdomadaires intitulées « Propos du dimanche » puis « Propos du lundi », dans La Dépêche de Rouen et de Normandie. Puis ses chroniques deviennent quotidiennes. Au final, ces « Propos » vont paraître de février 1906 à septembre 1914 : il y en aura donc plus de 3000.

En 1909, Alain est professeur de khâgne (seconde année de prépa littéraire) au lycée Henri IV. Il va profondément influencer les élèves qui passeront dans sa classe. Parmi eux, Simone Weil, ou encore Raymond Aron...

La première guerre mondiale approche : Alain clame son pacifisme et milite en conséquence. Pourtant, quand le conflit s'ouvre, et bien qu'il ne soit pas mobilisable, il décide de remplir son devoir de citoyen et s'engage. Il est enrôlé comme brigadier dans un régiment d'artillerie et refusera toute promotion.

En mai 1916, son pied est broyé par un rayon de charrue lors d'une opération de transport de munitions vers Verdun. Alain reste hospitalisé quelques semaines, puis il est transféré au service de météorologie avant d'être démobilisé en 1917.

En 1921, il publie un pamphlet contre la guerre resté célèbre, Mars ou la guerre jugée.

Il s'engage aussi sur la scène politique en soutenant le mouvement radical, qui prône une république libérale contrôlée par le peuple.

En 1927, Alain signe une pétition parue dans Europe, qui s'oppose à la loi sur l'organisation générale de la nation pour le temps de guerre. Cette loi prévoit d'abroger toute indépendance intellectuelle et liberté d'opinion. Il ne sera pas le seul à signer, puisque l'on retrouve les noms de Jules Romains, Louis Guilloux ou encore Séverine sur la pétition... ainsi que les signatures de Sartre et d'Aron.

L'œuvre d'Alain va ainsi être profondément pacifiste et antifasciste jusqu'à la fin des années 30.

En 1934, il cofonde le CVIA, Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes.

En 1936, sa santé s'est entre temps bien dégradée, et des rhumatismes l'immobilisent régulièrement. Puis une attaque cérébrale le cloue dans un fauteuil roulant.

Alain décède le 2 juin 1951 à Vésinet, dans les Yvelines. Il repose désormais au cimetière du Père Lachaise.

L'œuvre d'Alain

Philosophe, journaliste et professeur, Alain a été un homme engagé, mais également un intellectuel productif. En témoigne cet extrait de sa bibliographie :

Mars ou la guerre jugée (1921)
Propos sur l'esthétique (1923)
Propos sur les pouvoirs - Éléments d'une doctrine radicale (1925)
Le citoyen contre les pouvoirs (1926)
Les idées et les âges (1927)
Propos sur le bonheur (1925)
Propos sur l'éducation (1932)
Les Dieux (1933)
Propos de littérature (1934)
Propos de politique (1934)
Souvenirs de guerre (1937)
Propos sur la religion (1938)
Eléments de philosophie (1941)
Vigiles de l'esprit (1942)

Alain est donc l'inventeur, en 1906, du genre des « Propos ». Ceux-ci sont de courts articles liés à l'actualité et au quotidien. Style précis et concis, formules compréhensibles et séduisantes sur tous les domaines, le genre avait de quoi séduire un grand public, et cela a été le cas, malgré les récriminations de quelques critiques...

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